Décider de vivre !

31 ans – je suis un jeune “vieux” parmi tous les « talents » de Decathlon. Dans un peu moins de 3 mois ça fera 6 ans que je suis tétraplégique. 6 ans, déjà? What the fuck, que le temps passe vite! Vivre, ok, mais comment ?

Transformation immédiate 

En quelques secondes, j’ai perdu, ou plutôt j’ai quitté le jeune homme que j’étais. Pendant près de 6 minutes, pleinement lucide, j’ai tout donné, je me suis battu contre moi-même, contre les éléments, pour ne pas mourir noyé! Par-dessus tout je voulais vivre, et apparemment ça a payé. La preuve je suis là pour vous conter cette histoire, mon histoire.

Sauvetage, double arrêts cardiaques, pompiers, hélico, hospitalisation d’urgence, transfert en jet privée (la classe, le mec il déconne pas). tétraplégique complet puis incomplet, trachéotomie, 1 mois de réanimation, 2 ans et demi de rééducation, embolie pulmonaire, coliques néphrétique à répétition, la découverte d’un nouveau corps, une nouvelle vie à apprivoiser au jour le jour, pleine d’espoir, mais sans aucune certitude. Malgré la famille, les amis, les aidants un combat à effectuer seul.

 

Un dossier séduisant 

J’ai eu la chance de récupérer, pas autant que je l’aurais voulu, mais il faut rester positif, il y a toujours pire que soi: tetra complet, cancers, maladies dégénératives et j’en passe…  

On peut me considérer comme un tétraplégique de luxe: 17 heures d’aide humaine, de jours comme de nuit, avec des auxiliaires sur qui compter. Un appartement adapté à 5 minutes de l’océan, un travail dans une boîte aux valeurs fortes, avec des collègues/amis à la vitalité sans concession! Bref, un dossier qui paraissait séduisant… sur le papier.

 

Mauvaise trajectoire 

Malgré toutes cette chance, ces opportunités, je me suis perdu. J’ai connu la souffrance, la douleur, la tristesse, la dépendance, l’addiction, des problèmes de santé, la solitude profonde (alors qu’il puisse y avoir jusqu’à 9 personnes défilant à la maison pour m’aider: auxiliaires, kinés, infirmières, aides-soignants…).

L’habitude, la routine, le train-train quotidien, m’a sauvé à l’hôpital comme tué, endormie de retour à domicile. Se cacher au travaille telle une petite souris avec un postérieur d’éléphant. Tourner en rond, rester sur place, cloisonné en quatre murs, déprimé gentiment mais sûrement…

Se lever le matin, sans but, avec comme seule envie: se recoucher le soir, se “lobotomiser” devant la télévision, pendant que les bipèdes de mon âge font du surf, la fête, voyagent, se “chopent”,… vivent tout simplement.

Finalement le confinement vécu par tous pendant 2 mois, je le connais depuis 6 ans. C’était juste tout les jours dimanche, rien de bien méchant. 

 

Une seconde chance 

Pourtant quand j’ai décidé de vivre, quand le destin m’a offert cette deuxième chance, je n’ai pas signé pour ça. J’ai touché à double reprise le fond, une première qui m’a brisé les cervicales en 10 morceaux et la seconde ces 4 dernière années. Et c’est quand nous sommes vraiment au plus bas qu’on ne peut que se relever!

Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort! 

Il faut se mettre des baffes, un bon coup de pied aux fesses, se bouger et avancer! On a tous nos difficultés, notre passé et il faut tracer sa voie. La vie est une question d’opportunités à créer et à saisir, de choix et de façon de penser.

 

Maître de son destin 

Ces 4 derniers mois de “confinement”, puis mes 15 jours entre les urgences, l’hôpital, interventions, ont été comme une piqûre de rappel, bénéfiques, quant à mes envies. La vie que je souhaite avoir. Peu importe le handicap, il faut vivre comme si chaque jour était le dernier. Voir la vie du bon côté, lui sourire, rester positif (merci le printemps, merci le soleil, vive la vitamine D!). 

 

Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ?

Personnellement, seul je vais nulle part ! Avec vous j’irai dans la bonne direction et ça sera déjà un bon début.

 

Kiffe ta life