Sexo … Qu’est ce qu’un sondage ?

Il paraît que le sexe est un sujet vendeur sur le web, en revanche je doute qu’ assimiler sexe et urologie le soit tout autant. Ici je vais vous parler du sondage, pas celui qui permet d’analyser des données afin d’en tirer des tendances sur notre société, mais plutôt, celui permettant de vider une vessie de tétraplégique. Moins glamour, mais indispensable !

Qu’est-ce qu’un sondage ?

Selon le site Wikipédia, « la vessie est l’organe du système urinaire dont la fonction est de recevoir l’urine terminale produite par les reins puis de la conserver avant son évacuation au cours de la miction. L’urine arrive depuis les reins dans la vessie par les uretères, et est émise via l’urètre ». En termes moins barbares, la vessie contient l’urine, avant de la rejeter normalement par les organes génitaux.

Naturellement, la vessie d’un adulte peut contenir entre 300 à 600 millilitres d’urine. Au-delà de cette limite on parle de pathologie. La vessie peut-être représentée par une poche qui se remplit avec le temps en fonction de ce que nous buvons. Si la poche dépasse une contenance d’urine trop importante, le corps réagit mal et provoque des effets désagréables. On pourrait comparer la vessie à un ballon de baudruche, si on le remplit trop, on risque d’arriver au point de rupture et d’exploser. On parle alors de ‘globe vésical’, risque majeur pour les patients souffrants de problèmes urinaires.

Depuis que je suis tétraplégique, comme beaucoup de personnes dans la même situation, avant j’arrivais à faire mes besoins seul, de manière naturelle, où et quand je le souhaitais: assis, debout, sur la cuvette, devant un urinoir, sur des toilettes ‘turques’, contre un arbre ou dans l’eau. Mais depuis mon accident, cette fonction essentielle est devenue une réelle corvée au quotidien. N’ayant plus aucun contrôle de mes muscles en dessous de mes épaules, c’est maintenant seul que mon corps décide où et quand il a envie d’éjecter ses trop pleins.

Les différentes méthodes de sondage

Depuis l’accident, j’ai eu l’occasion de tester 3 techniques différentes permettant d’évacuer mes urines. Chacune ayant ses points forts et ses faiblesses, adaptées aux différentes étapes de l’hospitalisation et bien sûr des besoins de chaque patient. En réalité on en dénombre bien davantage et j’espère bien ne pas avoir besoin de toutes les essayer! Certaines techniques demandent une opération lourde, et sont parfois irréversibles pour le corps, il faut donc bien réfléchir avant de faire quoi que ce soit, sauf si il n’y a plus de choix bien sûr.

La sonde à demeure

Cette technique est utilisée le plus souvent après une lourde opération, pour les patients ne disposant plus des muscles permettant d’uriner naturellement. J’ai eu l’occasion de la tester à la suite de mon accident de surf, pendant deux mois et demi. La sonde est en fait une poche reliée a un tuyau, que l’on insère dans la verge jusque dans la vessie. Le tuyau est retenu dans la vessie grâce à un système de ballonné que l’on remplit d’air ou de liquide pour éviter qu’il ne ressorte. Il est indispensable de vider la poche plusieurs fois par jour, car la vessie se vide continuellement.

L’avantage de ce procédé, réside avant tout dans le fait qu’il demande peu de main-d’oeuvre, une fois la sonde installées de manière stérile, il ne reste plus qu’à vider la poche 3 à 4 fois, toutes les 24 heures. Néanmoins ce procédé présente un inconvénient, comme le tuyau reste en permanence dans l’urètre, cela favorise les risques d’infections urinaires. Cette technique est utilisée principalement lorsque le patient est alité et qu’il bouge peu. En effet si il utilise un fauteuil roulant pour se déplacer de manière régulière, et que sa poche est trop remplie, elle risquerait de se percer et d’en mettre partout. (Pas cool!)

Le cysthocat

C’est l’alternative à la sonde à demeure, sauf que cette fois la sonde ne passe pas par l’urètre mais un point situé entre le pubis et le nombril. L’avantage d’être tétraplégique c’est que je ne ressens pas toutes les douleurs, donc j’ai pu assister en direct live à cette opération. Impressionnant de se voir introduire une  »aiguille à tricoter » dans le ventre! Pour y faire glisser ensuite un petit tuyau qui va directement jusque dans la vessie relié, à un  »robinet » permettant d’extraire les urines, on a l’impression d’être une petite fontaine. Ce soir c’est open bar!

L’hétérosondage

Selon le dictionnaire de l’Académie médicale, plusieurs sondages sont nécessaires chaque jour. Cette méthode combat la rétention chronique et la distension vésicale, et préserve mieux l’intégrité du bas appareil que la sonde à demeure. Elle est remplacée si cela est possible par l’autosondage.

Le sondage évacuateur vésical, est la technique de sondage que j’utilise au quotidien depuis mon arrivée en centre de rééducation, à la suite du cysthocat. Il s’agit d’un soin réalisé par une tierce personne et qui pourrait presque paraitre erotique. Imaginez un instant, une jeune femme en tenue d’infirmière sexy, qui vous déshabille, vous tripote la verge, vous enfile une capote customisée, et en plus, plusieures fois par jour: le rêve! Détrompez vous! Ca ne se passe que la nuit!

En réalité il s’agit de se faire insérer un tuyau en plastique ( par une autre personne de sexe féminin ou masculin) raccordé à une poche de 2 litres, dans l’urètre et jusque dans la vessie. Messieurs imaginez-vous, qu’un tuyau d’environ 30 cm de long, entre dans votre pénis au moins 5 fois par jour, pour vous délecter de ce précieux jus doré. Cet endroit si intime que vous préservez délicatement, pour soulager vos envies présentes ou pour les grandes occasions. Aie aie aie, rien que d’y penser j’en ai mal ( heureusement que je ne sens rien).

L’avantage de l’hétérosondage réside dans le fait qu’on limite au maximum les risques d’infection urinaire. Dans le cas où la vessie fonctionne correctement, c’est-à-dire que le sphincter reste en position fermé, il n’y a plus de fuite, et donc plus besoin de mettre un pennilex relié à une poche ( ce n’est pas très esthétique surtout en été lorsque l’on se balade en short). Les inconvénients sont en revanche nombreux: soins réalisés par une autre personne, selon des horaires stricts et dans des lieux adaptés.

L’autosondage

C’est le même principe que les hétérosondages, comme expliqué précédemment à la seule différence, que vous pouvez le réaliser vous-même. Particulièrement adapté au paraplégique qui dispose de leurs membres supérieurs, en revanche ce n’est pas évident à faire soi-même. En effet il faut réussir tout en étant assis sur son fauteuil, à baisser le pantalon, le slip, remonter le t-shirt ou le pull et faire le soin proprement et sans fuite! Opération encore plus délicate pour les femmes, qui doivent viser juste. Autant vous dire qu’il existe un paquet de techniques plus loufoques les unes que les autres. Encore une fois même assis sur mon fauteuil je préfère être un homme.

Le sondage par le nombril

Pour les Tetras disposant d’une pince, c’est-à-dire la capacité d’ouvrir et de fermer la main pour tenir un objet, il existe une opération permettant de se sonder seul. Les chirurgiens réalisent une opération qui modifie la sortie des urines, naturellement située à l’entrejambe, pour la déplacer au niveau du bas ventre. Le patient glisse la sonde non pas par l’uretre, comme l’autosondage, mais par le nombril. Ne disposant pas de beaucoup de force, les patients souvent tétraplégiques, auront bien plus de facilité à soulever un tee-shirt plutôt que d’ouvrir un pantalon, baisser le caleçon et viser juste avec une seule main. C’est avant tout par besoin d’autonomie que l’on choisit ce procédé car cela nécessite une opération lourde et délicate.

Le stent prostatique

Selon Urofrance.org, cette intervention consiste à placer un stent dans la prostate, c’est à dire à mettre en place dans l’urètre un dispositif métallique tubulaire, maillé ou spiralé. Ce stent permet aux urines de s’écouler librement vers l’extérieur en ménageant un espace à travers l’obstacle que représente la prostate.
Pour faire simple, les chirurgiens posent un ressort au niveau de la vessie, et permet aux urines d’être évacuées par les voies naturelles de manière continue. Avec cette opération les patients non plus besoin d’être sondés, seule une poche raccordée au penilex et vidée plusieurs fois par jour, permet d’évacuer les urines. Néanmoins cette technique favorise la formation de calculs, en particulier chez les patients ayants déjà étaient confrontés à cette pathologie. Avec le temps, les chaires ont tendances à se reformer autour du stent, et empêche les urines de bien s’écouler.

Il existe probablement d’autres méthodes, mais je ne les connais pas ( à dire vrai, c’est déjà bien assez compliqué comme ça, et peu glamour) veuillez m’en excuser.

Quels sont les risques d’un retard de sondage

Le week-end lorsque je sort en permission, j’apprécie beaucoup de respirer l’air frais en me balladant en bord de mer, me retrouver avec mes amis et ma famille autour d’un verre ou d’un bon repas à l’extérieur de chez moi. Trop souvent ces bons moments sont interrompus par la célèbre phrase:  » désolé les amis, mais je dois vous quitter pour rentrer faire un soin ». Et comme souvent ils ne comprennent pas pourquoi je dois partir immédiatement.Le sondage, ce n’est pas comme devoir rentrer pour manger, ou se coucher pour être en forme le lendemain, c’est un besoin vital que je ne peux pas repousser, si je veux me sentir bien.

L’été en particulier, avec les fortes températures, on a tendance à boire davantage, la vessie se remplie plus vite, il faut donc la vider plus souvent que d’habitude. Si je ne respecte pas un planning de sondage bien rigoureux, je risque de tomber dans un état de globe vésical et mon corps me le rappelle de manière désagréable. Les mains se refroidissent très rapidement, au point de devenir gelées, des frissons me traversent tout le corps, et une forte transpiration (au niveau de la tête) qui peut trempée jusque 2 à 3 serviettes de bain en moins d’une heure…

Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’être en état de globe vésical, en particulier une fois où je rentrais de permission en taxi adapté pour handicapé et il y avait 2 heures de route. J’avais anticipé le trajet en me faisant sonder quelques temps avant de partir, malheureusement comme j’avais bu beaucoup d’eau dans la journée, j’ai commencé à avoir les mains gelées et de la transpiration sur le front, seulement une demi-heure après le départ. Finalement j’ai passé 1h30 à attendre impatiemment d’être à la clinique pour me faire sonder, avec le t-shirt, les cheveux, le dossier du fauteuil complètement trempés, et les mains de plus en plus froide. Le pire dans ces moments-là, c’est que l’on connaît la solution pour aller mieux, mais comme personne ne peut nous sonder, il faut attendre. Une fois arrivé à la clinique, et malgré « l’état d’urgence », j’ai dû patienter une demi-heure de plus, afin de convaincre l’infirmière qu’il fallait interrompre sa tournée de médicaments pour me sonder ( ce n’est pas toujours facile de les sortir de leur train – train quotidien). Au final, il y avait 400cc dans la poche, 700 dans la vessie, et comme un malheur n’arrive jamais seul, environ 200 cc ont « fuités » sur mon pantalon, soit plus d’un litre au lieu des 600 tolérée. Bref une bonne fin de week-end!

Les fréquences de sondage

1825, c’est le nombre de sondages effectués sur une année. Peu importe que l’on boive peu, beaucoup, que l’on soit en forme, fatigué, déprimée, chez soi, au travail, dehors, entre amis ou seul, il est impératif de respecter les horaires et de trouver (former) une personne, pour effectuer ces sondages. Selon moi, c’est l’un des soins le plus contraignant de la tétraplégie

Afin d’éviter au maximum d’être en globe vésical et les effets secondaires présentés ci-dessus, il est indispensable de respecter le planning des sondages. En théorie, il faudrait être sondé toutes les quatre heures c’est-à-dire 6 fois par jour: 6h, 10h, 14h, 18h, 22h et 2h du matin. Mais en pratique, je me fais sonder que 5 fois par jour. J’ai préféré supprimer celui de 2h du mat’ pour avoir une nuit complète et bien me reposer. Il est indispensable de bien dormir pour être en forme le lendemain et progresser dans la rééducation. Évidemment, suivant le nombre de patients dans la clinique et les aléas de la vie, les heures de sondage peuvent parfois être avancées ou retardées d’une demi-heure à une heure.

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